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Comment (bien) rater ses vacances

7 Juin

Bon, je sais, vous allez dire « mais Big Glasses, tu débarques ! »… Oui ce livre date de 2010 (donc un train de retard, comme le fil de mes articles) N’empêche ! A l’approche de l’été 2012 (je vous épargne le compte à rebours que j’ai lancé depuis que j’ai posé mes congés d’été), « comment (bien) rater ses vacances » d’Anne Percin pourrait bien faire un été de plus.

On suit donc les tribulations de Maxime, qui, bien décidé à ne pas se coltiner la rando GR20 prévue avec ses parents, décide de retourner aux sources, soit : chez mamie. Mamie, justement puisqu’on en parle, a l’air de dépoter. Comme toutes les grands mères, elle fait bien à manger, elle a toujours un truc marrant à raconter, et elle reste touchante dans son rôle de mamie-qui-s’endort-vers-15h-devant-Derrick. En plus, Mamie, elle est 2.0 ! Eh oui, elle a un ordinateur, une connexion à Internet, et donc de quoi faire passer d’agréables vacances à Maxime, geek dans l’âme qui aspire à des joutes oratoires sur Spacebook avec une certaine Pika, fraichement rencontrée (et qui ne le laisse pas indifférent).

Mais comme l’objet du roman est de survivre à des vacances ratées, quelques pots de cerises en conserve plus loin, Maxime va déchanter quand il retrouvera sa Mamie inerte sur le sol de la cuisine. Ainsi commence le « guide de survie en milieu hostile« , comprenez ici comment vivre quand on est ado, et pas très vaillant.

Ce qui plaît c’est le ton et le style narratif d’Anne Percin, bourré d’humour, d’ironie et de sarcasmes. En même temps, le sujet est pas franchement marrant, et on se rend vite compte que Maxime, même en se cachant derrière une prose acerbe, souffre de la sempiternelle question « au fond qui suis-je ».

En bref, un roman  ado qui se dévore parfaitement comme un bouquin de plage, tout en abordant des thématiques centrales de l’univers ado, et rehaussé avec finesse d’une écriture piquante, insolente, bigrement drôle, le tout saupoudré de références musicales et cinématographiques qui dépoussièrent enfin l’image de l’ado attardé en mode Justin Bieber (on notera entre autres Boris Vian, les Pixies, MGMT ou encore T-Rex et ça rien que pour la musique !)

Comment bien rater ses vacances. Anne Percin. Rouergue (DoAdo), 2010.

Le petit coeur brisé

30 Nov

Melaine est une jeune fille dont la vie n’est pas remplie de bonheur… elle a déjà perdu ses parents et son grand-père. Il ne lui restait que sa grand-mère, jusqu’au jour où cette dernière meurt. Elle est recueillie par des cousines éloignées avec qui le deuil devient moins difficile, et la solitude moins pesante. Mais très vite Melaine se retrouve en prise avec la dur réalité du monde des adultes : disputes, successions, héritages…et secrets de famille…

Qui est la petite fille sur la photographie jaunie trouvée dans le grenier ? Pourquoi porte-t-elle le même médaillon que Mélaine, ce petit cœur brisé dont elle a hérité ?

A travers l’évocation du deuil et des disputes en famille, Moka tient le lecteur en haleine dans un décor de vieille maison : entre histoire de fantômes et lourds secrets de famille. Moka, par le mélange des genres (du policier au fantastique, en passant par des notes d’humour), réussit à mener une intrigue palpitante jusqu’à la dernière page.

A lire dès 12 ans.

Références bibliographiques : Le petit coeur brisé, Moka, collection Medium, éditions de l’école des loisirs, 2001.

Le cri du phasme

11 Nov

L’histoire : Elliot est un adolescent mal dans sa peau, silencieux, effacé, presque camouflé dans le monde dans lequel il vit, à l’image de son élevage de phasmes, ce drôle d’insecte capable de se confondre avec son environnement, de « faire le mort ». Justement, Elliot aimerait s’effacer. Tout commence un samedi après-midi, après avoir abandonné son équipe de foot en plein match, Elliot se retranche dans son grenier pour jouer de la guitare, toujours le bocal de phasmes à ses côtés. Ici au moins, il se sent seul. Car entre son père, bricoleur du dimanche un peu rêveur qui « engueule » souvent son fils au lieu d’apprendre à l’écouter et son grand frère Emilio, jeune fêtard invétéré, bien plus préoccupé par ses voitures que par son petit frère, Elliot n’a plus qu’une seule envie, se retrancher dans la solitude. Mais c’est sans compter sur ses amis, Sacha et Leila, qui tentent de sortir Elliot du silence. D’une ballade sur les toits de la ville, à une fête improvisée entre champs et forêts, le destin d’Elliot va basculer. Faut-il risquer la mort pour se sentir exister ? En jouant avec le feu, Elliot va tenter de trouver un sens à sa vie, retrouver une identité perdue.

Alex Cousseau aborde ici des sujets tabous et pourtant centraux de l’adolescence : suicide, sexualité, conflits familiaux. Ce qu’on aime c’est son style, nous plongeant dans un univers empreint d’un certain mysticisme, voire d’un certain onirisme.  On aime donc l’écriture, où s’insèrent de fines descriptions des lieux, des sensations, qui rendent la lecture agréable. Tout au long du récit se déploie une métaphore filée entre l’adolescent et les phasmes. A l’image de ces derniers, Elliot aimerait s’effacer de la société. Enfin, l’emploi d’un narrateur externe permet une prise de distance avec la gravité du sujet, ce qui évite au lecteur de tomber dans l’empathie.

A lire dès 13 ans.

Références bibliographiques : Le cri du phasme, Alex Cousseau, collection DoAdo, éditions du Rouergue, 2005.